M.I.A - Auteurs de Rémoras, La Faille (tome 1 et 2) et de La Trappe
Quelques questions sur vous et l’écriture
- Présentez-vous en quelques mots.
Pour commencer, une précision de taille : M.I.A est un duo… d’où nos réponses séparées et complémentaires… J
Hélène : 37 ans, mariée, deux enfants déjà (trop ?) grands de 12 et 10 ans. Dans le monde professionnel depuis l’âge de 17 ans, j’ai fait des études d’anglais et de littérature, et j’ai tendance à adorer les nouveaux défis et projets… sinon, je m’ennuie très vite.
Ma rencontre avec Seb il y a bientôt huit ans, puis avec Gaël (notre acolyte dans EHJ, voir plus loin) a été déterminante pour tout ce que je fais depuis quelques années.
Sébastien : 36 ans, bientôt marié, 1 fille de 12 ans. Après une vie dans le domaine de la sécurité et du renseignement, je suis tombé dans l’écriture il y a une petite dizaine d’années. Depuis, j’en vis à 100 %.
Et tout comme Hélène, ces deux rencontres ont été des pivots et des boosters, particulièrement en ce qui concerne l’écriture de fiction, puis l’édition il y a bientôt 2 ans.
- Parlez-nous de votre dernier ouvrage.
Hélène : il s’agit de notre 4e titre, deuxième tome d’une trilogie qui elle-même complète un grand cycle relatif à l’avenir de l’Humanité, de type thriller/suspense ; cycle composé, donc, de « Rémoras » (roman politique-fiction), « La Trappe » (nouvelle d’anticipation) et « La Faille » (trilogie de science-fiction), dont le dernier tome paraîtra si tout va bien fin 2014, bouclant totalement la boucle.
Pour chacun des volets de ce cycle, nous nous sommes imposé des contraintes narratives particulières, en termes de construction ou de format de plume.
Je laisse Seb partager avec vous son analyse de tout cela… J
Sébastien : Mon analyse est que notre relative réussite tient vraiment du miracle… enfin, pas vraiment, plutôt de la gestion (miraculeuse ?) du planning que tient Hélène.
Si M.I.A et EHJ existent, c’est bien dû à un miracle, celui de l’Internet !
Pour nos livres, le mieux est de les lire. :p
- Depuis quand écrivez-vous ?
Hélène : Depuis toute jeune, en fin de primaire, l’écriture ayant toujours été (avec le piano et le chant) un moyen pour moi d’expulser à la fois mes sentiments et une certaine forme d’hyperactivité. Devoir canaliser tout cela était un très bon exercice, et je pouvais aussi bien passer des heures à réécrire une phrase dans mon coin qu’à rejouer les mêmes exercices sur mon clavier ou à répéter une mélodie au chant.
Pour moi, de la rigueur pouvait finir par émerger ensuite la vraie liberté, celle où l’on sent que l’on maîtrise assez son sujet pour enfin se l’approprier à sa manière.
Je crois que j’ai pris très tôt l’habitude de voir la pratique artistique comme un vrai travail (sans même parler de métier, j’insiste bien sur la différence, car nous écrivons aussi des ouvrages de commande qui n’ont rien à voir avec l’univers de M.I.A), où le talent que l’on peut espérer avoir n’est que le début d’un processus bien plus vaste, et surtout pas une fin en soi.
Sébastien : Depuis toujours, je suis un fou du crayon et du carnet de notes. J’en ai rempli des centaines depuis… je ne sais pas, aussi loin que ma mémoire me permet d’aller.
L’écriture professionnelle est beaucoup plus récente, huit ans environ, dont huit avec Hélène. J
C’est bien cette rencontre qui m’a permis d’en vivre, Hélène est une véritable machine (à écrire) et nombre de commandes ont été honorées grâce à son incroyable talent.
- Que vous apporte l’écriture ?
Hélène : Des tas de choses… Elle me permet d’expérimenter, de travailler sur les défis narratifs que nous nous imposons, Seb et moi, de voyager intérieurement et de partager, avant tout, notre univers plus que foisonnant avec d’autres personnes.
Pouvoir donner ainsi aux autres est une source de plaisir incomparable. Je vois chaque livre comme un petit bout de nous qui part chez des personnes que nous ne rencontrerons sans doute jamais… c’est assez fou, quand on y pense !
Sébastien : Si je suis trivial, l’écriture alimentaire apporte… l’alimentation… je sais, ce n’est pas du tout ce que vous voulez savoir. :D
En ce qui concerne la fiction, c’est un véritable voyage intérieur et une libération incroyable. La fiction permettant de dire des choses et de passer des messages de manière bien plus puissante et subtile que toute autre forme de support.
- Dans quelle condition écrivez-vous ?
Hélène : A priori, il est difficile de faire plus compliqué que nous ! Comme nous sommes éloignés géographiquement (1 500 km nous séparent !), nous devons tout préparer via Internet, avec des sessions live pendant lesquelles nous peaufinons chacune des étapes de création de nos livres. « Rémoras » a même été écrit avant que nous nous rencontrions pour la première fois « en vrai », durant toute une année de travail « virtuel » !
Et comme nous avons entre-temps créé notre propre maison d’édition, et que nos auteurs passent toujours avant nos propres écrits, les tranches horaires disponibles pour M.I.A sont de plus de plus petites (et nocturnes !), nous obligeant à une efficacité quasi parfaite. Pas de procrastination chez nous… sinon, nous serions complètement paralysés pour avancer !
Sébastien : Hélène a tout dit de notre manière de travailler, je radote, mais tout cela tient véritablement du miracle… et d’une coordination parfaite ! Le moindre grain de sable doit être absolument évité, ou c’est toute la machine qui se grippe…
Même si nous prenons beaucoup de plaisir dans nos activités, notre fonctionnement a tout de militaire, et suisse, comme les horloges !
- Quelle est votre source d’inspiration ?
Hélène : Le monde actuel, la vie, les gens, tout ce qu’on voit ou entend… et notre imagination débridée, qui tente au passage de rendre hommage à des œuvres (littéraires, mais pas seulement) qui ont pu nous marquer et influencer notre sens de la construction, par exemple.
Sébastien : Particulièrement la vie de tous les jours, j’ai eu la chance d’en avoir une particulièrement enrichissante depuis toujours. Viennent ensuite bien sûr mes nombreuses lectures et certains chefs-d’œuvre du cinéma ou de la télévision. Et last but not least, l’émulation entre Hélène et moi qui fait jaillir très souvent des idées que je n’aurais jamais eues seul, et je pense ne pas me tromper en disant que l’inverse est aussi vrai.
- Êtes-vous écrivain à part entière ou exercez-vous une profession à côté ? Si oui laquelle ? Que vous apporte-t-elle par rapport à votre travail d’écrivain ?
Hélène : Nous menons plusieurs activités de front, mais toutes rattachées à l’écriture et à l’édition, et toutes étant en commun d’une façon ou d’une autre, qu’il s’agisse d’écrire pour M.I.A ou en tant que « nègres » pour des clients du Web, ou d’exercer notre métier d’éditeur et de créateur de projets divers sur Internet.
Cette organisation nous est indispensable pour pouvoir assurer l’aspect « alimentaire » des choses, tout en construisant notre avenir…
Sébastien : Nous vivons par et pour l’écriture et, si ce n’est pas facile tous les jours, c’est une chance incroyable !
Nos activités sont, pour faire dans le synthétique : M.I.A, EHJ, l’écriture alimentaire comme ghostwriters et le marketing pour des auteurs et éditeurs externes.
- Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Hélène : Des tas… Malheureusement, Seb et moi avons sans cesse des idées dans tous les domaines, dont tout ce qui concerne M.I.A, ce qui fait que notre « liste d’attente de choses à faire » n’en finit pas de grandir. C’est parfois épuisant, mais vraiment passionnant.
Comme M.I.A n’a pas à se plaindre sur le plan des ventes (nous avons à peu près vendu 15 000 livres depuis nos débuts), je me dis souvent que nous avons beaucoup de chance (même si nous avons tout construit ensemble de A à Z depuis nos débuts et que nous n’avons pas à rougir de notre « réussite » sur le plan de l’écriture), et qu’il nous faut savourer ces résultats plus qu’encourageants.
À noter aussi que nos livres sont peu à peu traduits et publiés en anglais, nous permettant ainsi une diffusion internationale. Notre ami et traducteur, John Temple, est en train de travailler sur « La Faille 1 » en ce moment et « The Trapdoor » est sur le point d’être publié, à l’heure où j’écris ces lignes.
Sébastien : Oui, beaucoup, beaucoup trop !
Mais comme les journées n’ont que 24 heures, nous passons notre temps à faire des arbitrages, nous sommes passés maîtres dans l’art de la « priorisation ».
Notre « to-do list » est énorme, mais jusqu’à aujourd’hui, tout a été fait, même si c’est parfois long…
- On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ? Si oui quel est ce message ?
Hélène : Il y a des tas de messages dans nos livres, compte tenu de leur genre (messages plus ou moins faciles à détecter), mais je ne dirai rien… aux lecteurs de les trouver ! J
Sébastien : Motus… pour les messages, il faut lire. Nos livres étant des « tiroirs », les messages sont partout, et suivant le lecteur, ils ne seront pas les mêmes.
- Si vous deviez changer quelque chose dans votre carrière d’écrivain, ce serait quoi ?
Hélène : Nous ne sommes qu’aux débuts de cette aventure et le plus beau reste à venir (enfin, je l’espère !). Jusqu’ici, je ne changerais absolument rien… à part avoir plus de temps pour plus écrire, ces derniers mois ayant été plutôt frustrants.
Sébastien : Rien du tout, pas une virgule ! Plus de temps, oui, mais comme ce n’est aujourd’hui pas possible, on fait avec ce qu’on a !
- Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
Hélène : EHJ est notre maison d’édition, nous l’avons intégralement créée sur la base de nos compétences respectives dans le milieu éditorial, avec Gaël, notre « troisième homme », et en nous associant peu à peu avec des personnes de grand talent, prêtes à nous offrir bénévolement le meilleur d’elles-mêmes (ce qui n’en finit pas de m’étonner), afin de pouvoir répondre à la croissance assez phénoménale que nous avons connue en deux ans.
D’ailleurs, Manu, j’en profite pour te remercier : tu fais partie de ces personnes qui font toute la différence pour EHJ et qui nous motivent sans même le savoir, les jours où nous manquons un peu d’énergie… J
Sébastien : EHJ, c’est du « sur-mesure » puisque nous l’avons créé avec Gaël, notre génial conseiller éditorial et ami.
Puis comme le dit Hélène, avec l’appui absolument incroyable de dizaines de personnes formidables au fil des mois… idem pour moi, je n’en reviens pas…
Quelques questions sur vous et la lecture
- Qui vous a fait aimer la lecture/ l’écriture ?
Hélène : Toute ma famille lit énormément, j’ai donc toujours baigné dans la lecture, d’autant plus que j’ai été élevée sans télévision, ce qui laisse bien plus de temps pour lire… J
Aujourd’hui encore, la lecture est un sujet de conversation majeur avec mon père, en particulier, puisque nous partageons notamment un goût très prononcé pour le polar et les auteurs nordiques.
Avec ma mère, grâce à qui j’ai plongé dans la langue et la culture anglo-saxonne dès le plus jeune âge, c’est tout un pan de la littérature britannique et américaine que j’ai pu découvrir dès l’adolescence.
Sébastien : Mon père lisait beaucoup et ma mère lit aussi, énormément. C’est quelque chose que j’ai dans le sang, je ne pourrais vivre sans lire… et écrire !
- Quel est votre auteur préféré en dehors de vous-même bien sûr ! ?
Hélène : J’en ai des tas, car il est impossible de comparer des genres incomparables… Mais si je dois en choisir un parmi les auteurs modernes, je pense que je citerai, comme je le fais souvent, Henning Mankell. Il est pour moi un modèle de maîtrise et d’intelligence dans l’écriture.
Sébastien : Vraiment difficile à dire… Mais je pense immédiatement à Dan Simmons ou James Ellroy, deux immenses Maîtres pour moi !
- Quel type de lecteur êtes-vous ?
Hélène : Je suis une lectrice vorace, voire boulimique, à raison de deux livres par semaine, en moyenne, en plus de ceux que je lis dans le cadre de l’activité d’EHJ.
Sébastien : Je suis un grand lecteur, pas autant qu’Hélène, mais un livre tombe au champ d’honneur chaque semaine, sans compter la quantité énorme de lecture technique ingurgitée dans le cadre des autres activités. Pas de secret, pour écrire, il faut lire !
- Qu’aimez-vous lire ?
Hélène : Je lis de tout, avec une préférence marquée pour le polar, le thriller, la S-F et le roman historique.
Sébastien : Je lis également de tout, même si mes préférences vont aux polars et aux thrillers.
Quelques questions sur les blogs et tout le reste…
- Que pensez-vous des blogs littéraires ?
Hélène : Je pense qu’ils sont essentiels pour les petites maisons d’édition qui peinent à obtenir une couverture médiatique traditionnelle suffisante, et ont vocation (pour les plus professionnels et les plus suivis d’entre eux) à devenir de vrais guides de lecture pour toute une nouvelle génération de lecteurs.
Sébastien : Ils sont absolument indispensables pour les auteurs et les éditeurs. À titre personnel, je suis bien plus souvent les recommandations des blogs littéraires que des médias traditionnels en qui je n’ai aucune (mais absolument aucune !!!) confiance.
- Que pensez-vous de mon blog en particulier et quel est pour vous l’intérêt de répondre à ce petit questionnaire ?
Hélène : Sans aucun fayotage, je dirai qu’il te ressemble… clair et enthousiaste. J C’est un blog qui donne envie, car son ton est passionné, et qui a le mérite de proposer à ses lecteurs bien d’autres choses que les traditionnels succès dont tout le monde parle déjà ailleurs.
Ton questionnaire sera, j’en suis sûre, particulièrement apprécié par de nombreux auteurs aujourd’hui « inconnus ».
Sébastien : Je le connais bien moins qu’Hélène, je suis plus éloigné de l’opérationnel qu’elle, mais je dirai également qu’il est clair, enthousiaste et varié.
Répondre à ce questionnaire est un plaisir, discuter librement d’une passion est toujours un grand bol d’air !
- Comment gérez-vous les critiques des lecteurs de blogs qui ne sont pas des spécialistes ? (critique positive et négative) ?
Hélène : Qu’elles soient positives ou négatives, nous essayons de faire avant tout le tri entre ce qui est constructif et ce qui ne l’est pas. Un « super, je kiffe ! » est aussi peu utile qu’un « bah, j’ai détesté ! »… :)
Ceci dit, nous n’avons pas à nous plaindre : tous distributeurs confondus, les quelque 150 commentaires que nous avons reçus pour l’ensemble de nos livres nous donnent une note moyenne de plus de 4,5/5, ce qui est très bon pour notre ego et notre moral. ^_^
Sébastien : Les critiques négatifs sont systématiquement identifiés et abattus !
Je plaisante, évidemment… ce n’est pas systématique… :D
Les critiques positives sont bien sûr un énorme plaisir pour nous. Quant aux critiques négatives, si elles étaient un peu difficiles à digérer au début, elles me passent aujourd’hui à 4 miles au-dessus de la tête… On ne peut ni ne veut plaire à tout le monde ! Et le négatif argumenté est toujours bienvenu pour nous améliorer sans cesse.
- Si vous deviez remercier un professeur que vous avez eu : ce serait qui et pourquoi ?
Hélène : Mon excellent professeur de français au collège, Serge Milliex (qui a très vite su comprendre que je ne rendais pas une fiche de lecture par semaine et des rédactions en rab pour me faire mousser, mais parce que j’en avais vraiment besoin…) et que j’ai d’ailleurs retrouvé à l’âge adulte et qui a lu « Rémoras ».
Merci à lui pour de magnifiques heures d’échanges et de passion littéraire transmise. 50 % des livres que j’ai découverts pendant mon adolescence l’ont été grâce à lui.
Sébastien : Mon formidable prof d’histoire en seconde et première au Lycée Van Dongen, Monsieur Berger. Il était particulièrement détesté par de nombreux élèves pour son franc-parler et ses insultes fracassantes, mais moi, je l’ai adoré. J’aimerais beaucoup lui serrer la main aujourd’hui, car il a été déterminant pour ma vie d’adulte. Il m’a identifié de suite comme un esprit libre et m’a toujours appuyé. L’histoire de France et du Monde contée par Monsieur Berger était quelque chose d’incroyable et de passionnant !!
- Pensez-vous que les jeunes ne sont plus capables d’apprécier la lecture ? Quels remèdes proposeriez-vous ?
Hélène : Les jeunes sont soumis à de multiples médias, de nos jours, et se voient proposer un programme scolaire de moins en moins attrayant (dixit les profs de français eux-mêmes), où la lecture n’est finalement presque plus qu’un outil académique, au lieu d’être avant tout une des plus grandes expériences personnelles qu’un être humain puisse connaître en s’immergeant dans le récit d’un autre.
Disséquer de façon rébarbative des bouts tronçonnés d’un auteur du XVIe siècle quand on n’a jamais rien lu d’autre avant (je force le trait, mais c’est volontaire)… est-ce le chemin le plus évident pour qu’un non-lecteur trouve une quelconque forme de plaisir dans la lecture, lui donne une chance et décide d’aller plus loin ?
Je ne blâme pas ces jeunes et j’ai même de la peine pour eux, quand je sais tout ce qu’ils ratent sans le savoir. Revenir aux fondamentaux du « pourquoi lit-on ? » et leur proposer des histoires qui leur « parlent » me semble être une étape essentielle pour les réconcilier avec ce qu’ils ne connaissent finalement pas vraiment et qui les rebute.
La relation avec les livres commence toujours par un grand moment de plaisir, un instant d’émotion. Manu, tes propres initiatives dans ton collège ont d’ailleurs prouvé qu’on peut vraiment toucher des jeunes dans cette situation, et je suis ravie que deux ouvrages EHJ aient donné l’envie à certains de tes élèves d’en découvrir d’autres.
La politique des petits cailloux, en somme…
Sébastien : Je déteste l’école, je l’ai toujours détestée… une heure de cours de français est souvent un vaccin à vie contre l’envie de lire.
Selon moi, l’école doit donner du sens, et à part avec certains professeurs (dont l’énorme Monsieur Berger !), je ne l’ai jamais vraiment ressenti.
Heureusement que certains profs prennent des libertés avec un programme toujours plus débile. Je les félicite car il est très difficile d’être un mouton noir, et particulièrement dans l’administration. Ces profs sont des personnes formidables qui ont pleine conscience de l’énorme responsabilité que d’accompagner les enfants pendant ces années tellement fondamentales !
- Que pensez-vous du boom des éditions numériques ?
Hélène : C’est une étape qui, d’après moi, à terme, peut permettre aux gens de lire plus et plus souvent, en donnant aussi la possibilité aux petits éditeurs qui prennent des risques de faire connaître de nouveaux auteurs et textes (qui n’auraient jamais été choisis ailleurs pour des raisons souvent purement économiques).
Attention, c’est aussi la porte ouverte à des publications moins travaillées, en raison d’une plus grande facilité de mise en distribution et d’un coût de réalisation très faible. Mais n’est-ce pas démocratiser la lecture que de permettre aux lecteurs d’avoir plus d’univers littéraires à leur disposition et de choisir eux-mêmes ce qu’ils veulent lire et jugent comme étant de bons livres ?
Personnellement, en 30 mois d’utilisation de liseuse, j’ai lu dessus plus de 150 titres que je n’aurais jamais pris la peine de découvrir en format papier, en raison du prix et de la place que je n’avais plus dans ma bibliothèque. J’en suis ravie, car parmi ces livres, au moins 15 sont de vrais coups de cœur que j’aurais ratés sans ma liseuse…
Sébastien : À mon avis, c’est un œuvre de démocratisation formidable de l’écriture. Et comme tout bond technologique, il a du bon et du mauvais… Quand c’est trop facile, c’est la porte ouverte à n’importe quoi. Mais c’est un marché jeune, il s’autorégulera.
Et puis, à titre purement personnel, c’est toujours un plaisir pour moi de voir les monopoles et les oligopoles s’écrouler.
L’édition numérique est un bol d’oxygène pour le monde littéraire, qui doit faire son autocritique, il était grand temps !
- Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains ?
Hélène : Celui que je me donne à moi-même tous les jours… « Cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage… »
Écrire n’est pas si dur en soi, pour peu qu’on ait des idées et de l’enthousiasme. Mais relire, « dégraisser » et réécrire jusqu’à l’obtention d’un résultat qui reste satisfaisant et prenant, même après 15 relectures, et devant lequel on puisse se dire « ça y est, je crois que j’y suis »… seuls ceux qui ont l’écriture chevillée au corps le feront vraiment.
Si vous ne vous sentez pas le courage d’aller au bout de la grossesse, il y aura quelques soucis à l’accouchement, si je puis m’exprimer ainsi… J
Sébastien : Allez-y, lancez-vous, mais attendez-vous à un processus long et très très difficile…
La parole est à vous : Une dernière phrase ? pensée ? critique ?
Hélène : Merci beaucoup pour cette interview, Manu. Et je laisse Seb conclure, il a toujours la phrase qui tue pour terminer en beauté…
Sébastien : Arghhh, tu me mets la pression ! :p
Merci beaucoup également à vous Emmanuelle pour cette interview très sympa.
Pour la phrase qui tue, je vais laisser la parole à Francis Bacon, le père de l’empirisme moderne. Il résume mieux que je ne saurai jamais le faire le fond de ma pensée.
« La lecture apporte à l'homme plénitude, le discours assurance et l'écriture exactitude. »