Stéphanie Aten - Auteur de La troisième guerre
Présentez-vous en quelques mots.
Stéphanie ATEN. Au départ, je suis scénariste. J’ai cumulé vies alimentaire et artistique pendant une décennie avant de décider de tout miser sur la seconde. Un pari osé et momentané qui m’oblige à être très productive et à foncer. Ma passion pour les histoires englobe tous les genres et toutes les formes d’expressions, du thriller au fantastique, du roman à la série télévisée. Je développe donc plusieurs projets simultanés.
Parlez-nous de votre dernier ouvrage.
« La 3e guerre » est mon premier roman. Sa genèse débute en 2006. J’avais envie d’écrire un roman d’espionnage, de revenir à cette littérature un peu oubliée qui savait allier le sérieux de la documentation, à la puissance de l’action. Comme j’avais un diplôme de droit, je m’intéressais fortement aux rouages du Monde, à ses modes de fonctionnement profonds et cachés. J’ai commencé à me documenter… beaucoup… Et puis j’ai eu la chance de croiser la route d’un ex-agent gouvernemental, qui m’a apporté énormément de réalisme d’un point de vue technique et psychologique. Le cumul a engendré plusieurs versions avant celle qui paraîtra le 29 septembre prochain, sous l’égide des Editions Hélène Jacob. C’est un peu plus qu’un roman… c’est une réflexion sur notre Présent, et sur les réactions qu’il faudrait lui opposer. Une page Facebook lui est dédiée.
Depuis quand écrivez-vous ?
Depuis que je connais mon alphabet.
Que vous apporte l’écriture ?
C’est ma raison d’être. Je ne sais pas vivre sans imaginer. N’importe quelle situation ou émotion entraîne systématiquement un « Tiens, ce serait pas mal dans telle histoire ça… ». Je crois que c’est ma façon d’appréhender le Monde et la Vie : les transcender, les réinventer quand ils ne me conviennent pas ou me semblent ineptes. L’écriture me fait continuellement renouer avec ma part la plus active et la plus impliquée.
Dans quelle condition écrivez-vous ?
La plupart du temps en écoutant de la musique, spécialement choisie pour être en phase avec ce que j’écris. Toujours le jour, jamais la nuit. J’ai besoin d’être calée sur le rythme naturel.
Quelle est votre source d’inspiration ?
Absolument tout. Le mal comme le bien, l’inerte ou l’animé, le visuel et le sonore. Tout est générateur d’histoires.
On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ? Si oui quel est ce message ?
Clairement. Je trouve d’ailleurs que trop d’auteurs aujourd’hui, n’ont plus conscience ou ne veulent plus entendre parler de la responsabilité de « passeur » qui va avec leur plaisir d’écrire ou les deniers qu’ils en tirent. Mon message à moi est simple : l’obsession de la « civilisation » nous a fait oublier la notion de « communauté ». On fait tout et n’importe quoi sans penser en grand, ni en longtemps. L’Humanité est une espèce répandue sur la planète entière, pensante et agissante, consciente et intelligente, mais incroyablement morcelée, et déconnectée de l’essentiel. J’ai toujours ce constat amer en tête quand j’écris, même une histoire intimiste. J’aspire à une unicité… qui n’a rien à voir avec une uniformisation. Je pense que c’est ça, le vrai défi de l’homme : vivre dans l’acceptation des différences et dans le respect de l’autre.
Si vous deviez changer quelque chose dans votre carrière d’écrivain, ce serait quoi ?
Le commencement. Je me jetterais complètement dedans, dès le départ, en prenant tous les risques que nécessitaient mes espoirs. Je travaillerais beaucoup plus également, au lieu de compter sur ma seule inspiration. La technicité est au moins aussi importante que les bonnes idées.
Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
J’ai d’abord envoyé mon manuscrit aux maisons d’éditions « classiques », mais je n’ai essuyé que des refus. Je me suis dit que, quitte à ne pas être publiée, autant que ces années de travail ne restent pas « lettre morte ». J’ai décidé de m’auto-éditer, et en me renseignant sur le procédé, je suis tombée sur les Editions Hélène Jacob, dont les co-fondateurs ont développé un système des plus ingénieux pour promouvoir leurs livres sur Internet. En étudiant leur déontologie et leur catalogue, j’ai tout de suite su que j’étais avec les bons. Ils ont accepté mon roman, et la collaboration a commencé.
Qui vous a fait aimer la lecture/ l’écriture ?
Le cinéma ! Dès l’enfance, j’ai voulu être scénariste. Du coup, je lisais en imaginant ce que ça pourrait donner à l’écran. Tout est parti de là.
Quel est votre auteur préféré en dehors de vous-même bien sûr ! ?
Indéniablement : Maupassant.
Quel type de lecteur êtes-vous ?
Je lis peu en fait. Entrer dans l’imaginaire des autres me perturbe. Je me perds, je n’arrive plus à savoir si je sais faire aussi bien ou pas, et je passe mon temps à analyser le livre au lieu de le dévorer. Par contre, je lis énormément d’ouvrages de documentation en lien avec l’histoire que je travaille. Je ne supporte pas d’écrire sans maîtriser mon sujet.
Que pensez-vous des blogs littéraires ?
C’est comme pour tout : il y a du bon et du mauvais. L’offre est telle, qu’il faut parvenir à faire un tri. Il y a des blogs bourrés de fautes d’orthographe, ce qui est étonnant pour des gens réputés lire beaucoup. Il y en a d’autres qui n’apportent rien à part une critique très personnelle et peu étayée… Mais quand on tombe sur un bon blog, tenu par une personne qui sait parler de littérature, alors je trouve qu’il a toute sa légitimité. Il y a tellement de livres qui sortent chaque mois, que le travail de repérages, d’alerte, d’analyse, devient un point d’ancrage intéressant, pour les lecteurs comme pour les auteurs.
Si vous deviez remercier un professeur que vous avez eu : ce serait qui et pourquoi ?
Mon prof de philo. Il m’a appris à penser par moi-même, à étudier en me posant des questions plutôt qu’en me limitant à ingurgiter. J’ai découvert ce qu’était un cerveau avec ce prof.
Que pensez-vous du boom des éditions numériques ?
Je pense que le phénomène finira par acquérir son propre système de régulation. L’édition numérique, en ce qui concerne l’auto-édition, permet à tout un chacun de concrétiser des mois de travail, qu’il soit de qualité ou pas, et de lui donner une autre légitimité que le simple fait d’avoir été au bout. Mais du coup, il est très difficile pour le lecteur de savoir sur quoi il va tomber, puisqu’il n’y a plus vraiment de « filtre ». D’un autre côté, l’édition numérique émanant des maisons d’éditions, permet de rendre le livre moins cher, plus facile d’accès, en plus grande quantité, et la culture se trouve ainsi à la portée de toutes les bourses. Je pense que l’édition numérique ne détrônera jamais l’édition classique, mais qu’elle en deviendra le complément inévitable… si ce n’est déjà fait.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains ?
Travaillez ! N’imaginez pas qu’un livre s’écrit tout seul, en un jet, même si vous vous sentez très doué ! Posez-vous des questions. Avant même d’écrire une ligne, réfléchissez : qu’est-ce que vous voulez raconter, et pourquoi voulez-vous le raconter ? Ensuite, prenez le temps de bâtir votre histoire. Sa structure, ses rebondissements, son rythme. Il faut commencer par des fondations, des murs, et une ossature pour construire quelque chose de solide qui donne envie d’entrer, puis de rester. Ensuite, élaborez de façon poussée vos personnages principaux : donnez-leur vie, connaissez-les par cœur, sachez quelle sera leur problématique, leur transformation… ce sont eux qui font entrer la vie dans votre « maison », qui lui donnent son âme, son ambiance. Si vous bâclez, c’est difficilement rattrapable. Il faut souvent tout recommencer… Et si après des mois de travail, de corrections, de versions, vous avez encore du jus, privilégiez une maison d’édition numérique pour commencer. Si votre livre est bon, sa diffusion large par le biais d’Internet, vous révèlera au public bien plus vite qu’un premier roman « papier » qui prend la poussière sur les étagères des fonds de librairies.