Liliane Fournier - Auteur de Pas froid aux yeux et de Andalou (à paraître)
Quelques questions sur vous et l’écriture
1. Présentez-vous en quelques mots. Je m’appelle Liliane Fournier (c’est mon nom de naissance), je vis en Corse parce que c’est un bel endroit et que j’aime bien les îles. Je suis éducatrice au développement durable, c’est-à-dire que je tente de faire comprendre les enjeux du futur pour modifier les comportements au présent. Je suis plein de truc en « arde » : une campagnarde, une fêtarde, une flemmarde...
2. Parlez-nous de votre dernier ouvrage.
Il vient de sortir et c’est un recueil d’histoires courtes érotiques. Ça s’appelle « Pas froid aux yeux ». J’ai décidé de dire « histoires courtes », parce que quand on parle de nouvelles érotiques, on tombe souvent dans le très rapide : page 1 elle rentre dans la pièce, page 2 elle trouve le type beau, page 3 elle est nue sous lui sur le bureau, et page 4, 5, 6…elle reprend toutes les pages du kamasoutra !! Non, je n’écris pas cela, je prends mon temps, je laisse les personnages évoluer, l’histoire se mettre en place, le désir monter et plus si affinité. Le ton peut être poétique, amusant, sombre mais toujours dans un style fluide et facile à lire. J’aime vous emmener avec moi dans des univers variés et « exotiques ». Dans « pas froid aux yeux » vous découvrirez les îles Sanguinaires, la lande écossaise, Montpellier, la montagne et une autre île déserte cette fois-ci et au milieu d’un fleuve. Mes héros sont souvent beaux, mes héroïnes ont du caractère.
3. Depuis quand écrivez-vous ?
Depuis toujours : le poème de la fête des mères, des chansons, puis des débuts de romans que je ne finissais jamais et puis un jour, trop vite à mon goût, j’ai eu 50 ans et je me suis dit, ma Lili, il faut que tu ailles plus loin, ce sera ton défi de la cinquantaine ! Et j’y ai pris goût !
4. Que vous apporte l’écriture ?
Ça me permet de m’évader, de me livrer, de créer. Je découvre des pans entiers de ma personnalité, j’ai fait de belles rencontres aussi. Ça pourrait être une drogue, mais c’est plutôt un remède.
5. Dans quelle condition écrivez-vous ?
Partout. Dans le vacarme de la récré, chez moi dans le silence le plus complet si possible avec une vue sur l’extérieur. Je suis plus créative quand je suis dans l’urgence, quand je n’ai qu’un petit créneau entre deux rendez-vous…
6. Quelle est votre source d’inspiration ?
Les gens que je croise, même une seconde. Il m’arrive de croiser des regards et d’inventer la vie qui va avec. Ça peut être une phrase entendue. La colère aussi, quand mon voisin me casse les pieds, j’écris un polar où il meurt dans d’atroces souffrances ! C’est grave docteur ?
7. Etes-vous écrivain à part entière ou exercez-vous une profession à coté ? si oui laquelle ? Que vous apporte-t-elle par rapport à votre travail d’écrivain ?
Je suis éducatrice en environnement. Je passe ma journée à dire aux gamins que s’ils ne changent pas de comportement dare dare, notre monde est court à sa perte ! Alors le soir, en rentrant, je refais ce monde, comme s’il n’était pas au bord du gouffre.
8. Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Mon premier roman devrait sortir le 28 mars aux éditions Hélène Jacob et s’appellera « Andalou », c’est un polar sentimental qui se passe dans le milieu de la tauromachie. La suite d’Andalou est en cours d’écriture. Une autre histoire qui se passera dans le milieu de la course automobile me trotte dans la tête, un polar où un voisin se fait zigouillé par l’amant de sa femme est en train de mûrir…et encore pleins d’autres !Il me faudrait juste des journées de 28 heures pour en venir à bout !
9. On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ? Si oui quel est ce message ?
Un message, je ne sais pas. Pour Andalou, c’était surtout « soyez curieux », je vous parle d’un monde pour lequel nous avons tous des à priori mais que savons-nous de ce monde ?
Ensuite, j’essaie d’avoir des héroïnes à fort caractère, pas le genre qui se fait fouetter pour faire plaisir à son homme ! Les femmes dont je parle dans mes histoires sont libres, elles assument leurs désirs sans fausse pudeur. Je milite pour ça : le droit à un érotisme assumé chez les femmes. Ça peut avoir l’air d’un sujet farfelu, mais ces temps-ci, la liberté des femmes est souvent remise en question. Je ne suis pas féministe, parce que les idées féministes sont devenues un carcan à la liberté d’aimer. Je défends la douceur, l’égalité dans la sensualité, la paix entre les hommes et les femmes.
10. Si vous deviez changer quelque chose dans votre carrière d’écrivain, ce serait quoi ?
Je n’en suis pas à parler de carrière. J’y vais lentement, j’apprends, je m’épanouis. Pourquoi perdre du temps à imaginer changer ce qui ne peut plus l’être.
11. Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
Le côté associatif m’a plu parce que je sais que c’est dans les asso qu’on travaille avec le plus de passion (je travaille dans une asso). Ensuite, le manuscrit numérique était accepté, et en tant qu’écolo, j’ai aimé (envoyer des kilos de papier de nos jours, je trouve cela ridicule). C’est la seule maison d’édition où j’ai cru apercevoir des humains (mais il doit y en avoir d’autres). Je viens à peine d’y débarquer, mais j’y trouve déjà beaucoup d’énergie. Pourvu qu’elle continue à vivre !
Et j’ai adoré le tuto de mise en page pour préparer le manuscrit !!! C’était carré, précis, je me suis dit que la maison devait être comme ça. J’ai progressé rien qu’avec ça !
Quelques questions sur vous et la lecture
1. Qui vous a fait aimer la lecture/ l’écriture ?
Ma mère lisait beaucoup de Pagnol et je l’entendais rire dans sa chambre. Ça m’a donné envie !
2. Quel est votre auteur préféré en dehors de vous-même bien sûr ! ?
J’adore l’univers des sœur Brontë, les polars de Patricia Cornwel, ou Fred Vargas, le style de Djian, la fantaisie de John Irving, l’érotisme de Christina Lauren…
4. Qu’aimez-vous lire ?
Tout et n’importe quoi, du sentimental, de l’érotique, du polar, de la SF. Il n’y a que les vampires qui ne me charment pas, et je ne sais pas pourquoi !
Quelques questions sur les blogs et tout le reste …
1. Que pensez-vous des blogs littéraires ?
Je ne savais pas grand-chose d’eux avant d’écrire. J’aime quand ils ont un univers marqué, ou un grand sens de la dérision comme les « crazy lectures de Noha ».
Il faut qu’on y trouve autre chose qu’un résumé de livre suivit de j’aime, j’aime pas sinon, c’est très ennuyeux.
2. Que pensez-vous de mon blog en particulier et quel est pour vous l’intérêt de répondre à ce petit questionnaire ?
J’avoue avoir été y faire un tour pour la première fois en lisant cette question !(1 h 30 plus tard) Mais j’ai bien aimé parce que justement on y trouve un univers plutôt sympa et bienveillant. Il a le défaut de tous les bons blogs où je me suis baladée, il y a beaucoup trop d’informations (je sais, je fais pareil avec le mien) et ça me fait râler parce que je n’ai pas le temps de tous lire, ou alors je n’ai plus le temps d’écrire ;-)
Ce questionnaire est sympa parce qu’il ouvre beaucoup de portes sur l’univers d’un auteur (vous avez remarqué que le mot « univers » est très présent). Mais qui le lira jusqu’au bout ?
3. Comment gérez-vous les critiques des lecteurs de blogs qui ne sont pas des spécialistes ? (critique positive et négative) ?
On a toujours à apprendre de la critique. Quand elle est bonne ça fait plaisir, mais j’ai toujours du mal à y croire. Quand elle est négative, j’essaie de comprendre. Il m’arrive de la contester, ou d’en prendre compte, surtout lorsqu’elle est précise. Je ne tiens jamais compte de critique du genre : c’est génial ou c’est nul.
4. Si vous deviez remercier un professeur que vous avez eu : ce serait qui et pourquoi ?
Monsieur Saline, prof de sciences au collège. Il était drôle et il nous traitait comme si nous étions intelligents ! Je fais le même métier que lui ou presque et ce n’est pas un hasard !
5. Pensez-vous que les jeunes ne sont plus capables d’apprécier la lecture ? Quels remèdes proposeriez-vous ?
Je crois que la nouvelle génération a beaucoup plus de possibilités de se distraire que nous n’en avions. Les enfants ont des emplois du temps d’hommes d’affaires et ne laissent plus guère travailler leur imagination. Je suis pour un retour à l’ennui !!
Je mesure tous les jours l’impact du jeu numérique sur la richesse du vocabulaire et j’en suis inquiète. Certains enseignants se battent pour faire aimer la lecture, en choisissant des ouvrages plus accessibles, plus en lien avec la réalité des enfants. Les maitres de la littérature française en ont dégouté plus d’un (y compris de ma génération), on les étudie trop tôt. Le choix des lectures est primordial, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre dit le proverbe, je ne pense pas qu’on intéresse les jeunes à la lecture avec des œuvres trop classiques souvent rasoir pour eux. Ils y viendront après, d’abord le plaisir, la fantaisie, des histoires simples qui les touchent et on peut monter en gamme petit à petit.
Et puis maintenant le livre est numérique, c’est plus un truc de vioques !
6. Que pensez-vous du boom des éditions numériques ?
Sans lui, je n’aurais jamais tenté l’expérience de l’auto édition. Malheureusement, je ne suis pas la seule à y avoir pensé. Ça, c’est le côté auteur. En tant que lectrice, ça permet de lire sans se ruiner, de partir avec sa bibliothèque au complet avec soi. Je me suis remise à l’anglais grâce à la possibilité d’utiliser un dico en simultané. Et je suis sure qu’on va encore innover (pourquoi pas une BO musicale adaptée au livre, ou des images pour situer des lieux…)
7. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains ?
Ne pas essayer de réécrire un truc qu’ils ont aimé, ou qui marche.
Ecrire, c’est ne pas hésiter à mettre son cœur sur la table, à être impudique, à dire plus que ce qu’on pensait dire. C’est comme ça, même si on écrit des histoires légères, il y a toujours des morceaux de soi que l’on va livrer au regard des autres.
Il faut être prêt à travailler énormément…pour rien !
La parole est à vous : Une dernière phrase ? pensée ? critique ?
J’ai déjà été très bavarde, alors….silence, on lit !
Merci.