Cécile Delacroix - Ça va être ta fête ! (Avis)

Publié le par litteratureetfrancais

Ça va être ta fête ! de Cécile Delacroix

 

Je remercie Le Texte Vivant  pour leur confiance et pour cet envoi...

Ceux qui me suivent me connaissent : les recueils de nouvelles c'est pas mon truc, j'ai du mal à me plonger et a apprécié des histoires courtes surtout que souvent elles ne sont pas de niveau équivalents... Et c'est une fois de plus ce qui est arrivé...

Il y a du très très bon dans ce recueil, certaines nouvelles sont cyniques à souhait avec une vraie chute qu'on ne voit pas venir, des références littéraires (je pense à celle avec Vendredi), une écriture fine et très agréable et d'autres qui s'oublient aussitôt lues parce que pas fameuses...

Ça va être ta fête ! reste cependant un bon recueil agréable à lire que j'ai lu en même pas une journée ce qui montre que ce n'est pas non plus une déception ! Par contre je n'ai pas compris l'intérêt des dates et des fêtes en début de nouvelles, au contraire ça m'a perturbée ,: est ce que cela se lit comme un ensemble ? A priori non mais du coup pourquoi ?

Bonne découverte et bonne lecture ! 

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Ça va être ta fête !

 

Petit bonus offert par la Maison (une nouvelle extraite du recueil) : 

1er janvier

Nouvel An

                                                          

Je te l’ai dit cent fois que je n’en pouvais plus de tes absences, de tes lâchetés, de tes réflexions acides, de ces petites mesquineries qui me blessaient toujours un peu plus. Mais tu riais de mes chagrins, que tu trouvais ridicules et que tu appelais faiblesses.

                                                          

Je te l’ai dit chaque matin : « Quand tu pars, dis au revoir. » Je te l’ai dit chaque soir : « Quand tu rentres, dis bonsoir. » Mais tu ne disais jamais rien.

                                                          

Je te l’ai dit chaque année : « Aujourd’hui, c’est notre anniversaire, j’ai préparé quelque chose de spécial. » Mais toi, tu l’avais encore oublié.

                                                          

Je te l’ai dit chaque mois de mai : « Ce dimanche, c’est la fête des mères, pense à appeler la tienne. » Mais toi, tu souffrais avec agacement en levant les yeux au ciel.

                                                          

Je te l’ai dit à chaque fois que je te parlais d’organiser les vacances : « Et si on allait à la mer cet été, pour changer ? » Mais comme tu n’aimes que la montagne, on passait le mois d’août dans les Alpes, à faire ces randonnées que je déteste et qui m’obligeaient à porter tour à tour nos enfants trop las de grimper, en plein soleil, sur des sentiers escarpés.

                                                          

Je te l’ai dit chaque mois de septembre : « Demain, c’est la rentrée des classes, ce serait gentil que nous y allions tous ensemble pour une fois, ça leur ferait plaisir. » Mais tu répondais : « Demain ? Ah non, demain ça ne m’arrange pas. »

                                                          

Je te l’ai dit pour chaque 31 décembre : « Bonne année chéri, du succès, du plaisir, du bonheur. » Mais toi, tu sou-pirais : « Ça ne peut pas être pire que l’année dernière. »

                                                          

Je te l’ai dit tout ça mais je ne te le dirai plus.

                                                          

Si tu es arrivé à ce point de ma lettre, tu auras compris que je te quitte.

                                                          

Si tu t’imagines que c’est un coup de tête, un coup de chaud, un coup de sang et que je vais revenir penaude, en te demandant pardon, tu te trompes.

                                                          

Si tu t’imagines que c’est un départ improvisé ou précipité, tu te trompes plus encore. J’ai vidé notre compte commun, le plan d’épargne logement ouvert à mon nom par mon père mais que tu approvisionnais. Et aussi le livret de Caisse d’Épargne sur lequel tu déposais le liquide de ta comptabilité pour plus de discrétion scale et dont je t’ai arraché la procuration l’an dernier, souviens-toi. J’ai vendu la montre en or de ton grand-père et ta collection de timbres qui, soit dit en passant, valait beaucoup moins que tu ne pensais. J’emporte l’argenterie, la petite lithographie de Matisse qu’on nous avait offerte pour notre mariage et les médailles de baptême des petits.

                                                          

Si tu t’imagines que je n’arriverai pas à me débrouiller sans toi, tu te trompes de nouveau. J’ai trouvé un boulot, cela fait trois mois que je travaille sans même que tu t’en aperçoives. J’ai loué un appartement, les enfants ont chacun leur chambre. Tout est en ordre.

                                                          

Si tu t’imagines que je vais me sentir seule, là carrément je t’arrête : je pars avec ton ami Pierre, celui que tu trouves si bête, que tu accuses de vivre aux crochets de tes impôts parce qu’il est fonctionnaire et dont tu te moques parce qu’il est célibataire et sans enfant à son âge.

                                                          

Autant que tu le saches, il n’est ni bête, ni vraiment célibataire depuis des années et c’est le père de Nicolas.

                                                          

Finalement, ça, je ne te l’avais pas dit.

 

Salut mon vieux, et bonne chance.

 

Publié dans Nouvelles

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