Les réécritures (Objet d'étude 1ere)

Publié le par litteratureetfrancais

Les réécritures

I)                  Les types de réécritures

1-      La réécriture : définition et objectifs

L’art et surtout la littérature est réécriture en ce sens que l’homme y exprime ses préoccupations fondamentales. La gamme des thèmes littéraires est donc relativement limitée.

Il n’y a cependant aucune monotonie mais une variété littéraire extraordinaire car chaque auteur fait entendre sa voix singulière même s’il s’inscrit dans une tradition. Les réécritures peuvent adopter un principe d’imitation ou un principe de recherche de l’écart.

2-      Les formes de réécriture

Les emprunts : La citation (reprise par l’auteur d’une phrase ou plus marquée par la typographie soit pour soutenir son idée soit pour la contester), l’allusion (référence à un texte connu qui permet d’établir une complicité avec le lecteur) et la reprise (l’auteur puise chez ses prédécesseurs des personnages ou un sujet,… et se les approprie en les traitant à sa façon)

Les variations : L’auteur réécrit un même énoncé mais en varie les modes ou faits d’écriture (au sens propre). Dans un sens plus large, on désigne par « variations sur … » les réécritures successives d’un thème, d’un personnage, d’un mythe… Une scène ou un thème souvent repris dans la littérature devient un topos.

Les imitations : Le pastiche (jeu littéraire dans lequel l’auteur imite le style d’un autre écrivain sans intention moqueuse pour marquer son admiration. Il s’appuie sur une analyse littéraire fine), la parodie (imitation d’une œuvre dans le registre comique qui déforme, caricature et mélange les genres et les registres).

Le burlesque traite sur un ton familier et comique des sujets nobles ou sérieux. L’héroï-comique recourt au style noble pour traiter d’un sujet banal.

3-      Les procédés de réécriture

Par la transposition, l’adaptation : Le changement de genre, de forme de discours, de point de vue et de narrateur ou alors de registre.

L’amplification constitue une expansion du texte source. Les auteurs rajoutent souvent des commentaires ou des variantes à la première version de leurs œuvres.

Avec la réduction, les auteurs procèdent plus souvent par élimination, à la recherche d’une concision plus frappante.

II)               Petite histoire des réécritures

1-      Jusqu’au XVIIe siècle : l’imitation encouragée

Dans l’Antiquité, la réécriture est un exercice formateur : il permet l’apprentissage de la rhétorique (imitation des grands orateurs) et de la poésie.

L’humanisme se fonde sur l’imitation des Anciens considérés comme des modèles à adapter. Elle est au cœur de l’esthétique de la Pléiade. L’emprunt (forme et sujets) est vu comme une qualité.

L’esthétique classique visait à « plaire et instruire » en imitant les Anciens. La Fontaine imite en conservant une grande liberté. Le talent de l’écrivain se mesure alors à sa capacité à adapter son imitation à son temps et par là à innover. A la fin du siècle, les réécritures sont au cœur de la querelle des Anciens et des Modernes.

2-      Le XVIIIe siècle : entre dérision et sérieux

Le désir de tout critiquer et de se démarquer des modèles amène les écrivains des Lumières à imiter en pastichant ou en parodiant. Elles ont une valeur polémique. Les œuvres des philosophes portent parfois les marques d’inspiration plus sérieuse.

3-      Le XIXe siècle : le désir de se distinguer

Les écrivains romantiques privilégient le culte de l’individu, ils mettent en avant la recherche de l’originalité et pratiquent peu la réécriture. Ils ne peuvent cependant pas échapper à l’influence de certains modèles.

4-      Le XXe siècle : la réécriture tous azimuts

Les jeux de réécriture sont très fréquents : pour les surréalistes c’est un moyen de se libérer par l’humour d’une imitation parodique.

La réécriture redevient exercice de style à la fois ludique et sérieux pour l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) qui cherche à renouveler le langage.

Pour rendre compte de leur réflexion sur la condition humaine et des préoccupations d’un monde ravagé par les drames, les écrivains reviennent aux mythes en les modernisant, créant parfois des anachronismes volontaires.

III)            Mythes et réécritures

1-      Qu’est-ce qu’un mythe ?

A l’origine, le mythe est lié à la religion et a une fonction explicative. C’est un récit fabuleux retranscrit dans les textes fondateurs destiné à expliquer les énigmes et questions que l’homme ne peut résoudre par la raison.

Avec les progrès de la science, le mythe perd sa dimension religieuse mais, loin de disparaitre, il change d’acception.

En littérature, il désigne un récit allégorique transmis par la tradition et a une valeur universelle, ou l’histoire d’un personnage dont la portée a suscité de nombreuses réécritures au point qu’il en devient une figure littéraire. La culture européenne se nourrit de grandes figures littéraires qu’elle a créées et qui sont des symboles qui poussent les hommes.

Etudier la réécriture d’un mythe, c’est mesurer ce que l’écrivain a gardé du mythe originel, ce qu’il a ajouté et modifié pour l’adapter à son contexte et trouver le sens que l’auteur lui donne.

2-      L’admiration pour l’Antiquité

Les poètes du XVIe siècle trouvent dans les mythes antiques des sources d’inspiration et des motifs littéraires inépuisables. Les tragédies classiques réécrivent les histoires mythiques qui provoquent « terreur et pitié » et favorisent la catharsis. L’épopée emprunte des figures de héros et des épisodes symboliques à la mythologie gréco-romaine et à la Bible.

La réécriture prend parfois un tour burlesque et comique. Ces réécritures portent la marque de leur contexte.

3-      Le renouvellement moderne des mythes

Les XXe et XXIe siècles revisitent de nombreux mythes tout en leur donnant des dimensions politiques, idéologiques et psychologiques qui sont radicalement différentes de leurs modèles.

4-      L’originalité de la réécriture de mythes

La réécriture d’un mythe présente des particularités par rapport à une réécriture usuelle car le mythe combine un sens original précis, une interprétation nouvelle qui lui donne une nouvelle dimension.

Mythes préférés du XVIe siècle : Narcisse, Pygmalion, Actéon, Phénix

Mythes préférés du XVIIe siècle : Circé, Protée, Calypso, Psyché

Mythes préférés du XIXe siècle : Caïn, Faust, Prométhée

Mythes préférés du XXe –XXIe siècle : Antigone, Electre, Œdipe, Sisyphe.

IV)             Les réécritures dans les arts

1-      La réécriture dans un même art

La citation se pratique aussi en musique par exemple. Les variations sont fréquentes en peintures. Les imitations de tableaux célèbres montrent les reprises successives : le pastiche imite et la parodie déforme et caricature.

2-      Les réécritures d’un art à l’autre

Les œuvres littéraires ont souvent été transposées en opéra ou en ballet ou encore au cinéma. Les œuvres cinématographiques restent en général fidèles à l’œuvre mais jouent sur des effets de décalage.

La littérature se nourrit des autres arts, certaines œuvres littéraires racontent le travail de l’artiste.

 

éditions Hatier année 2011

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